Bleu de Ville
- Les oeuvres Films
Guy-André Lagesse/Jean Paul Curnier
Vidéo 2007
Après Scratches 1&2 et Qui passé là ?, après avoir visité les arrière-fonds d’un tube cathodique perturbé et recherché dans la nuit de l’Ile Maurice ce qui nous fait voir le jour, Bleu de ville, est une visite de la ville comme tombé du ciel. La ville, c’est Paris, du côté du nord-est, cela se passe en une demi-journée, du matin au crépuscule. Et de la ville de Paris, on voit, entend et retient ce que l’on peut, c’est-à-dire le plus possible étant donné le peu de temps imparti aux deux visiteurs tombé du ciel.
Bleu de ville, autrement dit aussi « nouveau » en ville. Les deux visiteurs ignorent le préjugé. Et la ville, ce que nous entendons par ville n’est finalement qu’un préjugé. Disons-le autrement : quand on regarde une ville et que l’on y cherche ce que l’on appelle « une ville » on ne risque pas de voir autre chose que ce à quoi on s’attend. La seule variante ce sont les adjectifs et cela donne : c’est une ville charmante, bruyante, attrayante, violente, attachante, paisible, austère, etc. Mais c’est tout autre chose qui advient si au lieu de vouloir voir la ville on regarde tout ce qui se présente sans en tirer de conclusion, sans regarder par recoupement et hiérarchisation.
Les deux visiteurs en question regardent, écoutent, essayent de comprendre ce que tout cela leur dit et non ce que cela cache ou pas. Alors ils voient, entendent comprennent à leur façon. Ils voient le mouvement général des automobiles, des métros, des bateaux et de tout ce qui bouge en ville, ils lisent tout ce qui est écrit, tout ce que disent les publicités, ils se souviennent à leur façon d’un conte ancien, celui du poisson d’or, ils écoutent la radio comme on écoute un conte, ils prennent pour guide un étrange joueur d’harmonica, musicien virtuose imprévisible et inventif. En fait, ils assistent à la ville comme on assiste à un événement. Le visible ressemble à un enchaînement de visions, le sonore à des rumeurs.
Le film suit leur préceptes secrets : 1) Lire tout ce qui est écrit. 2) Écouter tous ceux que l’on rencontre (poser des questions s’il le faut). 3) Regarder tout ce qui se montre. 4) Ne rien trier, considérer tout ce qui vient. Tout cela pour comme il est dit : « se faire une idée avant la nuit ».
Film vidéo couleurs de 23 mn. Prises de vue, montage et réalisation: Jean-Paul Curnier et Guy-André Lagesse. Musique: Jean-Pierre Delva (harmonica, guitare) et Vladimir Mauzit (mandoline). Voix: Jean-Paul Curnier, Guy-André Lagesse. Studio de montage: Le Comptoir de la Victorine. Production Les Pas Perdus 2007