L’art de la rencontre

Date : 10 mai 2017

Trois hommes, vêtus de la même blouse bleue d’ouvrier, transportant puis installant un « Studio volant » devant les Terrasses du port ou les Archives départementales, le FRAC ou le Village des docks… La scène est à la fois surprenante et cocasse. Le dispositif choisi par l’équipe des Pas Perdus pour aller à la rencontre de nouveaux occasionnels de l’art, dans le cadre de La Joliette des songes, est atypique et ne correspond à aucune démarche artistique patentée.


Dans ce quartier d’affaire où, comme vous le soulignez, « chacun est à son affaire » et où, plus qu’ailleurs le temps c’est de l’argent, vous abordez les passants pour leur proposer une collaboration artistique gratuite, qui va vous engager dans la durée… Quelles sont vos motivations ?

Guy-André Lagesse : Ce n’est pas la première fois que nous allons à la rencontre des gens dans la rue. En 2013, pour la première partie du projet baptisé le Mas-Toc, nous proposions à des Arlésiens de les photographier avec un rocher, dans la position de leur choix.

Jérôme Rigaut : Il est vrai que, cette fois, nous proposons une collaboration plus longue et complexe. Nous trimbalons un studio et nous postons dans la rue, comme des témoins de Jéhovah, des rempailleurs, des charlatans d’opérette… Cette posture désuète et décalée, ce détour nous permettent d’aborder des gens que nous n’aurions aucune chance de rencontrer autrement. Notre motivation, c’est de provoquer des rencontres inattendues… Par exemple, en allant à la veille de Noël devant les Terrasses du port, il était évident qu’on allait n’intéresser personne, mais on se disait que si la rencontre avait lieu, ça allait être une mine d’or…

G.-A. L. : De même, dans l’Astrolabe (le bâtiment qui abrite le siège d’Euroméditerranée), où nous étions habillés en ouvriers, dans un lieu où l’on a plutôt tendance à déconsidérer les ouvriers… Ces blouses nous ont été offertes par les femmes de ménage des Archives départementales. Il n’y a aucune recherche de rentabilité dans notre démarche, nous intervenons avec humour et légèreté, nous saisissant des évidences qui se présentent, comme ces blouses, par exemple.

J.R. : Nous émettons des hypothèses qui ne se basent sur aucune science…

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