Troisième sortie

Date : 29 janvier 2017


Le cercle s’élargit : nous stationnons aux abords du théâtre Joliette-Minoterie, mais aussi dans le hall des Archives départementales, au FRAC et au Dock des Suds à l’occasion de la Foire musicale marseillaise.

 

 

Julianne Vinciguera fait parfois les boutiques aux Terrasses du port. Elle a vécu autrefois au Panier avant de déménager à Toulon. La grille qui sépare la place de la Joliette des quais l’inspire : « quand on passe à travers la grille du port autonome, on se perle et tombe à l’eau. »

Brigitte Ohanian travaille à la RTM, dans le bâtiment baptisé l’Astrolabe. Elle se souvient que L’Infini, une sculpture de Toros, symbolisant « l’amitié entre la France et les Arméniens arrivés au début du XXe siècle par le port de Marseille » se trouvait là. Elle a disparu, mais l’infini reste à mesurer… avec un astrolabe.

Nous rencontrons Sylvie Frémiot aux archives. Photographe, elle aimerait devenir ethnopsychiatre. En passant devant l’Hôpital européen, elle apprécie la diversité de la population et mesure le nombre de patients non européens. Elle imagine de déposer des tapis sur le sol, afin d’adoucir les contacts et rendre l’accueil plus chaleureux.

     

 

 

 

 

Quand Marie-Aurélie Elkurd part travailler, elle descend de l’esplanade de la Vieille-Charité et regarde le deuxième étage du 3, rue Mazenod. Ses parements de bronze reçoivent et reflètent puissamment le soleil, notamment sur la façade du syndicat des pêcheurs qui se trouve en face. Inquiète pour les poissons, elle pense à les protéger. Pourquoi ne pas s’emparer d’un nuage ? 

Francis Ampe, urbaniste, mange souvent à L’Anse du Panier, rue François Lecas. De là, il peut contempler le Tarik Ibn Ziad, comme amarré dans la rue. Il songe à ce fier stratège militaire qui a participé peut-être à la bataille de Poitiers contre Charles Martel. Martel, du même nom que le cognac vieilli dans les fûts de chêne du Limousin qui furent transportés à Haïti pour faire travailler ce rhum si délicieux que l’on peut déguster tranquillement aujourd’hui à Marseille : le rhum ambré Barbencourt ! Quel voyage !  

 

 

 
Secrétaire générale du FRAC, Nathalie Abou est souvent la première arrivée dans le bâtiment. Seule dans l’antre du navire, elle songe à sa mise à l’eau et à la navigation à venir.  

Bérangère Roussel pétille et galope partout où elle se trouve. Dans le trafic des gens, des voitures, des tramways des bus et des bateaux, elle s’imagine engloutie par ce flux, au milieu de la place de la Joliette.

 

 

Agathe Bastide travaille au FRAC. Elle se souvient qu’un jour, les entrées maritimes étaient telles que depuis le balcon du bâtiment, on ne voyait plus rien. Elle revoit cette sublimation brumeuse du paysage. Raphaël Léon travaille également au FRAC. Il voit dans sa silhouette un ours d’argent qu’il faut combattre ardemment, comme dans un jeu en 3D.

 

 

 
Régisseur général du théâtre Joliette-Minoterie, Christian Noël s’est intéressé au projet dès l’origine. Le 27 janvier, il franchit le pas. Ayant vu se construire la façade métallique nord des docks, les mots se monter,les phrases s’accrocher, sensible aux sons de la vie, il songe : l’oreille attrape les mots qui se bousculent dans la tête.

 

 

 

 

Muriel Benisty est en train d’acheter un 33 tours des Demoiselles de Rochefort au Dock des Suds. Devant l’entrée du bâtiment, elle est médusée par la statue d’un apollon gréco-romain, sa laideur et son incongruité en ces lieux. Elle s’imagine, armée et protégée par la tour de Zaha Hadid, luttant pour supprimer la dette grecque.
 

 

 

 

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